
Un réseau de routes qui traverse l’Europe
Il n’existe pas qu’un seul Chemin de Saint-Jacques. Il y a un ancien réseau de voies qui se déploie comme des artères vivantes à travers toute la péninsule Ibérique – et bien au-delà, jusqu’au cœur de l’Europe. Certains commencent dans le sud brûlant de l’Andalousie, où le Chemin Mozarabe fait ses premiers pas dans des villes comme Málaga, Grenade ou Cordoue, accompagné du parfum des fleurs d’oranger, du jeu d’ombre sous les arcs maures et du tintement des verres dans les cafés de rue. Ici, on mange le matin un pan con tomate croustillant, à midi des olives, du fromage Manchego et du chorizo épicé, le tout accompagné d’un verre de vin rouge corsé.
Plus au nord, la Via de la Plata vous porte à travers l’immensité ouverte de l’Estrémadure, au milieu des forêts de chênes-lièges et des champs qui se parent de doré à la lumière du soir. Dans les villages, l’air est parfumé de jambon ibérique grillé et de saucisse au paprika, et dans les vieilles tavernes, on sert des ragoûts simples et honnêtes. Enfin, on atteint les terres silencieuses de Castille-et-León, où le Cocido Maragato réconforte les pèlerins autour de longues tables de bois, avant que les collines verdoyantes de la Galice n’ouvrent la voie vers un nouveau monde de brume, de forêt et du parfum du Caldo Gallego.
Dès le premier pas, au seuil de votre porte
Le Chemin ne commence pas seulement là où apparaissent les balises officielles. Il peut commencer au seuil même de votre maison – que ce soit à Hambourg, Vienne, Zurich ou dans un petit village quelque part en Europe. Chaque pas que vous faites depuis cet endroit fait partie du même mouvement millénaire qui a porté les pèlerins avant vous. Vous traversez des rues familières, quittez votre ville, votre région, et à chaque kilomètre le visage du paysage change : les forêts deviennent des champs, les champs des collines, les collines des montagnes ou des côtes.
En chemin, vous découvrez que le voyage ne traverse pas seulement des pays, mais des mondes de vie. Vous franchissez des frontières linguistiques, entendez de nouveaux dialectes, goûtez des mets inconnus et apprenez à vous laisser porter par l’hospitalité que l’on a toujours réservée aux pèlerins. Les premiers jours, le Chemin est encore cet espace que vous connaissez – mais peu à peu, il devient un pont vers le lointain.

Celui qui marche ainsi vit le Chemin dans toute sa profondeur : du premier pas, peut-être encore habité par le quotidien, jusqu’à l’abandon total au rythme de la marche. Vous sentez votre corps s’adapter, vos pensées s’éclaircir, et jour après jour, vous vous sentez plus léger – non seulement dans votre sac à dos, mais aussi dans votre cœur. Et lorsque vous atteignez enfin Saint-Jacques, vous ne portez pas seulement 100 ou 800 kilomètres dans les jambes, mais tout un continent dans vos souvenirs. Et c’est peut-être ce long chemin ininterrompu qui donne à l’arrivée sa plus grande intensité.
Le Grand Nord – Côtes, montagnes et vallées silencieuses
Le Camino del Norte suit comme une ligne de crête entre le bleu de la mer et le vert des montagnes – falaises abruptes au Pays basque, prairies douces en Cantabrie, plages solitaires et cols escarpés dans les Asturies. Au Pays basque, vous attendent les pintxos, petites œuvres d’art composées de pain, de poisson, de légumes et de fromage, accompagnées du vin blanc sec Txakoli. Dans les Asturies, un bol fumant de Fabada Asturiana vous réchauffe le soir, accompagné de cidre versé en hauteur dans le verre avec un geste plein de tradition.
À Oviedo commence le plus ancien de tous les chemins de Saint-Jacques : le Camino Primitivo. Il vous conduit sur des crêtes escarpées et à travers des vallées profondes et isolées, où le vent effleure les sommets et où le ciel paraît si proche que l’on croit pouvoir le toucher. Les villages ici sont petits, parfois à peine une poignée de maisons en pierre, dont les toits d’ardoise luisent sous la pluie. Des cheminées s’élève le parfum du feu de bois, et dans les cuisines mijotent des ragoûts préparés depuis des générations selon la même recette.

Celui qui cherche le chemin du silence suit le Camino Olvidado, le « chemin oublié ». Il traverse les montagnes du Pays basque, passe par la Cantabrie et León, longe des forêts denses, des rivières limpides et des ponts romans empruntés autrefois par des marchands, des bergers et des pèlerins. Sur ce sentier, on croise peu de monde – souvent plus de vaches que de marcheurs – et chaque rencontre, chaque fontaine de village, chaque salut depuis une porte prend un poids particulier.
Depuis León, le Camino de San Salvador mène à Oviedo – un chemin court mais exigeant, qui grimpe raide dans la montagne. Les panoramas y sont d’une clarté presque irréelle : sommets enneigés au printemps, prairies d’un vert éclatant en été, et un ciel qui, au crépuscule, se teinte de nuances cuivrées et rosées. Celui qui emprunte cette voie comprend pourquoi on dit : « Qui visite le Sauveur, voit le Seigneur ; qui visite Saint-Jacques, voit son serviteur. »
Le Sud – Entre désert, oliveraies et héritage romain
Dans le sud chaud de l’Espagne commence le Camino Mozárabe – une route qui prend naissance dans des villes comme Málaga, Grenade ou Cordoue, enveloppée du parfum des fleurs d’oranger, de l’ombre de l’architecture mauresque et du murmure des fontaines dans les patios. Ici, où la lumière est souvent éclatante et les journées longues, on marche entre des oliveraies argentées, sur des collines blanchies par le soleil et au-dessus de ponts romains dont les pierres semblent encore porter l’écho des caravanes anciennes.
Aujourd’hui, il est même possible de commencer le chemin encore plus au sud – sur le sol africain, dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. De là, la route traverse d’abord des ruelles d’inspiration marocaine avant de franchir le détroit et de rejoindre les itinéraires mozárabes. Une manière de commencer le chemin qui ajoute un nouveau chapitre d’histoire, de culture et d’horizon à la pèlerinage.

Depuis Cordoue, le Mozárabe rejoint la Via de la Plata – une ancienne voie commerciale romaine qui traverse en ligne droite l’immensité ouverte de l’Estrémadure. Là, la lumière dorée du soir caresse les pierres des petits villages, et le parfum du jambon ibérique, de la saucisse au paprika et de l’agneau grillé accompagne vos pas. Au loin, les silhouettes des chênes-lièges se détachent sur le ciel, et les cigognes restent immobiles sur les toits. Plus au nord, le chemin s’avance dans les plaines silencieuses de Castille-et-León, passe près de bornes milliaires romaines et de ponts médiévaux, jusqu’à atteindre enfin les collines verdoyantes de la Galice.
Même les îles Canaries ont leurs propres chemins – bien que séparées du continent, elles font partie de la grande famille pèlerine. À Grande Canarie, le chemin va de Maspalomas, au sud, à Gáldar, traversant les montagnes de l’île, où une église est dédiée à l’apôtre Jacques. À Tenerife, la route commence à Candelaria, au bord de la mer, et monte jusqu’à Santiago del Teide – un parcours qui réunit paysages volcaniques, forêts de brume et vues sur le Teide.
Le Sud offre au pèlerin un mélange d’immensité, de chaleur, d’histoire ancienne et la sensation de marcher sur une route qui, depuis des siècles, bâtit des ponts – entre cultures, continents et époques.
L’Ouest – Le Portugal et les chemins de l’Atlantique
À l’ouest du Portugal, le Caminho Português et la Via Mariana suivent d’anciennes voies romaines, traversent des villes pleines d’art en azulejos, passent par des oliveraies, des pinèdes et des vignobles baignés de soleil. Dans les marchés locaux, s’entassent morue salée (bacalhau), sardines argentées, oranges juteuses et pain artisanal à la croûte craquante. Sur les sentiers côtiers, l’odeur salée de l’Atlantique se mêle au parfum sucré des pastéis de nata tout juste sortis du four, et parfois, l’appel des mouettes accompagne votre marche comme une mélodie qui borde le chemin. Le soir, la journée s’achève dans des tavernes où le Vinho Verde, le rouge robuste du Douro ou le porto doux lavent la poussière du chemin, tandis qu’un chanteur de fado habille la saudade de musique.
Mais l’Ouest recèle bien plus que des paysages et une gastronomie raffinée : il porte en lui l’origine mythique de la légende de l’apôtre Jacques. Selon la tradition, en l’an 44 apr. J.-C., deux de ses disciples abordèrent la côte galicienne près de Padrón dans une barque de pierre, portant la dépouille du Saint. De là, le chemin les mena d’abord à Fisterra, dans la vallée de Duio, où régnait la légendaire Reine Lupa. Elle s’opposa d’abord aux disciples, mais grâce à une série de miracles – des taureaux sauvages apprivoisés, des montagnes qui s’ouvrirent – elle finit par céder et les aida à poursuivre leur route.

La voie continua vers l’intérieur, jusqu’à la forêt de Libredón, où la tombe de l’apôtre fut déposée – ce lieu où, des siècles plus tard, devait naître Santiago de Compostela. Aujourd’hui, celui qui parcourt le Chemin Portugais ressent cette ligne invisible entre la mer et la cathédrale, entre la légende et le présent. Chaque pas est ici aussi un pas dans une histoire plus ancienne que le pèlerinage lui-même. Car lorsque l’ermite Pelayo redécouvrit la tombe vers 812 apr. J.-C., en pleine montée des guerres de religion dans le nord de la péninsule, un nouveau flot de pèlerins commença. Le récit de la promesse faite par Charlemagne enfant – que l’Europe serait chrétienne de son vivant – s’entrelace également à cette histoire.
Pampelune, Vega de Valcarce et tant d’autres lieux le long des chemins de Saint-Jacques pourraient en raconter d’innombrables histoires. Mais je m’égare – viens, vois par toi-même et émerveille-toi. Ah, et pour l’indulgence des péchés, les deux prochains jubilés sont déjà à nos portes : 2027 et 2032.
L’Est – De la Méditerranée au cœur de la péninsule
Les chemins catalans et valenciens – le Camino Catalán, le Camino del Alba – appellent les pèlerins depuis la Méditerranée. Ici, la route commence dans le parfum des forêts de pins, des oliveraies argentées et des plantations infinies d’orangers dont les fleurs embaument l’air d’une fraîcheur presque envoûtante. Le soleil scintille sur la mer, tandis que l’on passe devant d’anciennes murailles romaines, des arcs mauresques et des clochers gothiques.
Dans les villes, la paella mijote dans d’immenses poêles, fumante et colorée – au riz safrané, aux fruits de mer ou au poulet et légumes. Sur les places ombragées, on sert de l’horchata avec de doux fartóns, et le soir, le murmure des rues emplit l’air tandis que la lumière dorée se glisse dans les ruelles.

Plus tard, ces chemins vous mènent à travers des cités gothiques, des châteaux, de vastes plaines et enfin vers les vignobles de la Rioja, où l’arôme des raisins Tempranillo mûrs et des poivrons grillés accompagne le soir. Ici, à Logroño, vous rejoignez le Camino Francés, et le flux des pèlerins devient plus large, plus dense, plus vivant.
Il existe plusieurs façons d’entrer sur le Camino Catalán. Vous pouvez prendre l’avion pour Barcelone – il vaut la peine de prévoir au moins un jour supplémentaire pour visiter la Sagrada Família et déambuler dans l’œuvre de Gaudí. Ou bien vous envolez vers Majorque, marchez sur le Camino de Mallorca jusqu’à Palma de Mallorca, respirez la vie insulaire et l’air salin de la mer – et laissez les premières impressions se déposer tranquillement sur le ferry vers Barcelone, tandis que l’horizon se rapproche lentement.
Le battement de cœur du Chemin – Le Français
Pour beaucoup, le Camino Francés commence à Saint-Jean-Pied-de-Port, au Pays basque français, où l’odeur de la baguette et du Gâteau Basque tout juste sorti du four flotte dans les rues. De là, il franchit les Pyrénées vers la Navarre, à travers champs et vignobles, passant par des villes comme Pampelune, où les bars à tapas débordent de vie. Il traverse les vignobles dorés de la Rioja, puis l’interminable Meseta castillane, où la terre est si vaste que le ciel semble plus grand encore.

Dans les villages, l’air sent l’agneau grillé, le pain chaud et la poussière du jour. Plus loin, il mène à la fertile région du Bierzo, où les châtaignes, le vin Mencía et la chaleur des habitants vous accompagnent. L’ascension vers O Cebreiro vous récompense par des vues sur des mers de brouillard et des huttes rondes de pierre, avant que la Galice ne vous accueille avec son pulpo á feira, son pain cuit au four à bois et la musique de sa langue.
Le Camino Inglés – Court mais intense
Le Camino Inglés commence dans les ports galiciens de Ferrol ou de La Corogne – deux lieux où la mer ressemble à une porte ouverte vers la terre. Autrefois, des navires venus d’Angleterre, d’Irlande et de Scandinavie y accostaient, chargés non seulement de marchandises, mais aussi de pèlerins venus du nord de l’Europe pour entreprendre le long chemin jusqu’à Saint-Jacques.
Des quais et ruelles de ces villes, la route s’enfonce dans l’intérieur, mais la mer reste longtemps dans votre dos – comme un goût salé sur les lèvres, comme un écho des vagues dans les pensées. Le matin, la brume recouvre les rias, les mouettes dessinent des cercles, et le cliquetis des mâts résonne comme un doux adieu.
Le chemin ondule à travers de douces collines, passant par de petits villages dont les maisons de pierre portent la marque du vent atlantique. De vieux ponts enjambent des ruisseaux clairs, et se succèdent des forêts d’eucalyptus et de châtaigniers. Dans les villages, on vous offre une part d’empanada gallega – garnie de thon, de viande ou de fruits de mer – et parfois, quelqu’un vous tend un verre de Ribeiro ou de Mencía, comme s’il attendait qu’un pèlerin passe.
Peu d’étapes séparent le départ de l’arrivée à Santiago, et pourtant chaque kilomètre contient l’intensité de bien d’autres chemins. Le Camino Inglés est comme un concentré de l’expérience pèlerine : le silence, la communauté, l’histoire et le sentiment que chaque pas compte. Ici, on vit le chemin dans son essence – court mais profond, comme un regard dans un miroir où se reflètent à la fois la mer et la cathédrale.
Bien plus que Sarria – Le chemin depuis le seuil de la maison
Le chemin ne commence pas forcément à Sarria, ni ne s’achève après 100 kilomètres. Il peut commencer au seuil de votre maison – à travers villes, champs et forêts, franchissant des frontières, au fil de paysages qui changent chaque jour. Chaque pas fait partie de l’ensemble. Les 100 derniers kilomètres ne sont qu’un petit extrait – pour ressentir le chemin dans toute sa profondeur, il faut prendre le temps, marcher lentement, s’imprégner de chaque région, de chaque langue, de chaque rencontre.
Celui qui part a souvent longuement réfléchi à la raison de ce voyage. Certains portent en eux un deuil ou une décision, d’autres le désir d’un nouveau départ ou simplement la joie d’être en chemin. Beaucoup emportent dans leur sac un carnet ou un appareil photo pour saisir ce qu’ils voient et ressentent. Mais souvent, il y a aussi dans ces sacs quelque chose d’invisible – des souvenirs douloureux, des pensées qui reviennent sans cesse.

Certains pèlerins rêvent de mettre de la distance – comme s’ils pouvaient placer un océan entre eux et leur passé. Ils veulent s’éloigner de ce qui fut lourd, s’éloigner de ce dont ils ne veulent plus parler. Ils aspirent à un endroit où le soleil réchauffe, même lorsque l’hiver règne chez eux. Un endroit où ils peuvent être seuls et, sans l’ombre du passé, recommencer. Peut-être, espèrent-ils, viendra le moment où le pardon sera possible.
D’ici là, chaque pas est un peu plus de distance, chaque horizon un peu plus lointain. Le chemin peut devenir cet océan – non pas d’eau, mais de jours et de kilomètres, de rencontres, de silence et de vent. Un océan entre vous et tout ce qui fut.
Saint-Jacques – Point culminant et début du dénouement
Saint-Jacques-de-Compostelle n’est pas seulement une destination, mais le point où se rejoignent tous les chemins, toutes les voix et toutes les histoires. Les derniers pas te mènent sur de vieux pavés, à travers des ruelles pleines de musique, de rires et des langues du monde entier. Sur la Praza do Obradoiro, la vue s’ouvre sur la cathédrale – imposante, majestueuse, un mosaïque de pierre et de temps. Ici, des pèlerins venus de toutes directions s’embrassent, pleurent, rient et s’assoient en silence dans la lumière.
Assister à la messe du pèlerin, c’est vivre l’élan puissant du Botafumeiro qui vole dans la nef, répandant des nuages d’encens et le parfum de rituels séculaires. Sous les arches résonnent chants et prières, et pendant un instant, il semble que tout – efforts, joies, rencontres – soit recueilli dans cet espace.

Mais souvent, le plus beau reste à venir. Quand la première effervescence s’apaise, l’appel de la mer invite à continuer – monter vers les collines, s’avancer vers les falaises, là où l’horizon ne se termine pas, mais s’ouvre.
Le chemin vers la mer – Fisterra et Muxía et au-delà
Depuis Saint-Jacques, beaucoup poursuivent jusqu’à Fisterra, le « bout du monde », où le soleil se couche dans l’Atlantique et où les couleurs du soir engloutissent l’horizon. D’autres vont à Muxía, où les vagues frappent les rochers et où l’église de pèlerinage de Nosa Señora da Barca veille sur la mer. Ici, la vie a le goût du sel et du vent : poulpe à la galicienne, coquilles Saint-Jacques, merlu – accompagnés d’Albariño, de Godello, de Ribeiro ou de Mencía.

Ces derniers kilomètres sont plus qu’un simple épilogue. Ils sont une invitation à clore le Camino par une fête de lumière, de sel et d’espace. Ou même à commencer quelque chose de nouveau par le chemin du retour. Car là où le sentier se termine inévitablement sur les falaises du cap Fisterra, il faut revenir sur ses pas. Et peut-être pas seulement vers le village et le port, mais plus loin encore. Recueillir des histoires à raconter chez soi, comme autrefois, mais avec des moyens modernes.
La leçon de la lenteur
Tous les chemins – qu’ils traversent des plaines chaudes, des forêts fraîches, des côtes battues par les vents ou des ruelles étroites de vieilles villes – ont en commun d’enseigner la lenteur. Ils montrent ce que signifie être accueilli en étranger dans des régions inconnues, et comment l’étranger devient familier. L’eau d’une fontaine de village, le pain du matin, un regard chaleureux – ces instants restent. Et ils méritent d’être racontés, pour que ceux qui restent chez eux et ne peuvent partir sachent que le monde est fait de bien plus que de selfies posés.
Le beau comme le moins beau font partie du voyage : comme les usines d’asphalte près de Larrasoaña en Navarre, ou entre Hospital et Cee en Galice. Ou la brume industrielle en périphérie de Ponferrada, souvent visible depuis El Acebo dans la vallée, et la brise marine le long de l’Algarve au Portugal, de la Costa da Morte en Galice et des côtes des Asturies, de Cantabrie et de Navarre au nord.
Le premier pas
Et un jour, peut-être au milieu de la marche, peut-être en apercevant la cathédrale, tu comprendras : ce n’est pas Saint-Jacques qui t’a changé, mais le chemin qui y mène. Chaque pas, chaque rencontre, chaque jour où tu as continué alors que tu aurais pu t’arrêter.
L’appel de tous les chemins est discret mais persistant. Peut-être l’entends-tu déjà. Peut-être est-il temps de faire ton premier pas.
Réflexion
Le Camino est plus qu’un sentier de pierre, de terre et de panneaux. C’est un miroir qui te montre non seulement des paysages, mais aussi toi-même. Il enseigne la patience pendant que les kilomètres disparaissent sous tes pieds et offre de la clarté lorsque l’esprit devient vide et le cœur s’élargit. Chaque section – qu’il s’agisse de côte, de montagne, de plaine ou de ville – a sa propre mélodie, et ensemble elles tissent une chanson qui te suit longtemps après l’arrivée.
Celui qui marche sur le Camino réalise : le véritable voyage ne se termine pas à Saint-Jacques, mais y recommence – dans un quotidien qui ne sera plus jamais le même. Que verrais-tu, ressentirais-tu ou déciderais-tu différemment si tu prenais le temps non seulement de marcher, mais de vraiment vivre ce chemin – pas à pas, sans raccourcis ?
Si la nostalgie t’envahit et que le doux appel des chemins atteint ton cœur, n’attends pas le moment parfait. Mets tes chaussures, serre ton sac à dos et fais le premier pas – que ce soit depuis ta porte, à Porto, à Saint-Jean ou à Ceuta. La carte se remplira en route, l’histoire, tu l’écriras toi-même à chaque kilomètre. Le Camino n’attend pas – il avance, que tu sois là ou non.
Si tu as aimé cet article mais que tu penses qu’il manque des informations importantes, écris-moi via le formulaire de contact suivant – en allemand, anglais, espagnol, galicien ou français. Ta suggestion sera examinée et, le cas échéant, ajoutée ou prise en compte dans un autre article.